Le retrait du permis de conduire pour cause de consommation de drogues est l’une des mesures administratives les plus drastiques en Suisse. Il ne vise pas principalement à punir, mais à protéger la sécurité routière. Au centre de la procédure se trouve la question de l’aptitude à la conduite. Quiconque perd son permis en raison de la consommation de drogues doit généralement suivre un chemin long et strictement réglementé pour obtenir sa restitution. Cet article éclaire les bases légales et les conditions concrètes que les personnes concernées doivent remplir.
La distinction juridique : Aptitude à la conduite et retrait de sécurité
Le droit suisse de la circulation routière distingue clairement entre la capacité de conduire et l’aptitude à la conduite.
- Capacité de conduire (art. 31 al. 2 LCR) : Se réfère à l’état momentané du conducteur (par exemple, s’il est sous l’influence de drogues au moment du contrôle). Une violation entraîne un retrait d’avertissement limité dans le temps (art. 16a-c LCR).
- Aptitude à la conduite (art. 14 LCR) : Se réfère à la capacité générale et durable de conduire un véhicule à moteur en toute sécurité. En cas de consommation de drogues, l’aptitude à la conduite est remise en question s’il existe une dépendance ou un abus de stupéfiants.
Le retrait du permis de conduire pour consommation de drogues est le plus souvent un retrait de sécurité pour une durée indéterminée (art. 16d LCR). Celui-ci est ordonné lorsque l’autorité cantonale, en raison des circonstances (par exemple, conduite sous l’influence de drogues, possession de stupéfiants), présume légalement que la personne concernée n’est plus apte à la conduite.
La clé de la restitution : L’expertise médicale du trafic (EMT)
La restitution du permis de conduire n’est possible que si l’aptitude à la conduite est rétablie. Cela doit être prouvé par une expertise positive d’un organisme médical du trafic reconnu. Cette procédure est souvent appelée expertise de niveau 4 et entraîne des coûts considérables pour la personne concernée.
L’expertise évalue si les exigences médicales minimales conformément à l’annexe 1 de l’Ordonnance réglant l’admission des personnes et des véhicules à la circulation routière (OAC) sont remplies. Dans le cas de la consommation de drogues, l’accent est mis sur la question de savoir s’il existe une dépendance ou un abus qui exclut l’aptitude à la conduite.
La condition centrale : La preuve d’abstinence
La condition la plus importante et la plus longue est la preuve d’une abstinence conséquente et stable de substances addictives. Les directives médicales du trafic prévoient des délais stricts à cet effet :
- Abstinence avant l’expertise : Avant même qu’une expertise positive puisse être établie, une preuve d’abstinence d’au moins un an est généralement exigée.
- Abstinence après la restitution : Même après une expertise positive et la restitution du permis, l’aptitude à la conduite n’est initialement accordée que sous la condition d’une poursuite contrôlée de l’abstinence. Cette phase de contrôle dure généralement deux à trois ans.
Pendant toute cette période, la personne concernée doit fournir régulièrement des échantillons pour prouver son abstinence sans interruption.
Méthodes de preuve d’abstinence
Les organismes médicaux du trafic utilisent différentes méthodes pour vérifier l’abstinence. Le choix de la méthode dépend du type de substance, de l’historique de consommation et de la durée de la preuve requise.
1. L’analyse capillaire
L’analyse capillaire est l’une des méthodes les plus importantes pour vérifier l’abstinence, car elle permet un regard rétrospectif sur la consommation sur une longue période. Étant donné que les cheveux poussent d’environ un centimètre par mois, une longueur de cheveux de six centimètres peut représenter la consommation des six derniers mois. L’analyse capillaire est souvent utilisée pour la première expertise, puis à intervalles semestriels. Des informations détaillées sur le fonctionnement et les fenêtres de détection de cette méthode sont disponibles ici : Analyses capillaires en Suisse.
2. Les contrôles urinaires
Le contrôle urinaire sert principalement à détecter la consommation à court terme et est généralement effectué à des intervalles irréguliers et annoncés à court terme. Le prélèvement des échantillons se fait sous surveillance visuelle pour exclure toute manipulation. Pour le suivi, de simples bandelettes de test urinaire pour drogues peuvent également être utilisées, bien que les contrôles officiels soient effectués dans des laboratoires spécialisés. Les contrôles urinaires sont essentiels pour garantir la stabilité de l’abstinence pendant toute la phase de contrôle.
Le déroulement de la procédure et les coûts
L’ensemble du processus, du retrait à la restitution conditionnelle, est complexe et coûteux.
| Phase | Durée | Mesure | Coûts |
|---|---|---|---|
| Retrait | Durée indéterminée (retrait de sécurité) | Retrait du permis de conduire | Frais administratifs |
| Préparation | Au moins 1 an | Preuve d’abstinence (contrôles capillaires et/ou urinaires) | Coûts des contrôles et de l’expertise |
| Expertise | Une seule fois | Expertise médicale du trafic (EMT) | Plusieurs centaines à plus de mille francs |
| Restitution | Conditionnelle (avec conditions) | Le permis de conduire est restitué sous condition de la poursuite des contrôles d’abstinence | Frais administratifs |
| Suivi | 2 à 3 ans | Contrôles d’abstinence réguliers (échantillons de cheveux et d’urine) | Coûts courants des contrôles |
Les coûts des contrôles d’abstinence et de l’expertise doivent être supportés par la personne concernée elle-même.
Conclusion
Le retrait du permis de conduire pour consommation de drogues est un signal sérieux des autorités qui exige une confrontation approfondie avec son propre comportement de consommation. La récupération du permis est un processus long qui nécessite une abstinence stable et sans faille pendant plusieurs années. Les conditions médicales du trafic, en particulier les contrôles stricts par analyse capillaire et urinaire, garantissent que seules les personnes dont l’aptitude à la conduite est rétablie sans aucun doute sont autorisées à reprendre la circulation routière.
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